Aura Partenaire du Pôle Universitaire de Niort Université de Poitiers Berceau des mutuelles, Niort se rêve aussi en haut lieu de l’éducation à la cybersécurité

Berceau des mutuelles, Niort se rêve aussi en haut lieu de l’éducation à la cybersécurité

Le Courrier de l’Ouest Julien RENON Modifié le 24/05/2023 à 15h09 – Publié le 24/05/2023 à 09h24

Simulation, gestion de crise, formation, l’Institut des risques industriels, assurantiels et financiers (Iriaf) de Niort (Deux-Sèvres) a fait de la cybersécurité un axe de développement au service de tous les publics.

Jean-Marc Bascans, le directeur de l’Iriaf, et Marc Parenthoën, maître de conférences, veulent nourrir la résilience de tous les acteurs économiques face aux cyberattaques, de l’agriculteur aux PME en passant par les collectivités ou les hôpitaux.

 CO – MARIE DELAGE)

C’est un défi sociétal majeur et Niort compte bien le relever. Formalisée depuis 2016 à travers la création du Master sur le Management des risques des systèmes d’information (MRSI), la cybersécurité est devenue un axe de développement stratégique de l’Institut des risques industriels, assurantiels et financiers (Iriaf). Convaincus que le meilleur pare-feu n’est pas la technologie mais l’être humain, Jean-Marc Bascans, le directeur, et Marc Parenthoën, maître de conférences, ont entrepris de tisser une véritable toile associant acteurs économiques locaux et partenaires institutionnels autour d’un projet combinant formation, recherche, expérimentations à destination de tous les publics. Un travail de longue haleine qui commence à porter ses fruits. On a semé beaucoup de graines ces dernières années et on est en train de tout récolter, savoure le duo à l’heure de présenter sa fusée à plusieurs étages.

Boîte noire et immersion

La première brique numérique a été posée fin 2021 avec l’acquisition d’un cyber range, une boîte noire qui n’a rien à voir avec celle de Top Chef même si elle invite ses utilisateurs à avancer dans l’ombre. D’une valeur de 150 000 € (financée pour moitié par la Région ainsi que par l’Université de Poitiers, l’Iriaf et la Fondation Poitiers Université), ce super serveur est une plateforme de simulation fonctionnant comme une bulle sécurisée et permettant aux étudiants de s’entraîner à mener ou à déjouer des cyberattaques. Notre but n’est pas de former des hackers mais de faire prendre conscience aux apprenants de la globalité et de la complexité des systèmes d’information et de les aider à améliorer leurs capacités de réaction, détaille le tandem qui, depuis février 2022, teste les possibilités offertes par cet environnement virtuel immersif.

Pour donner davantage de réalisme aux scénarios, l’amphithéâtre sera prochainement réaménagé en salle de crise avec un mur d’écrans, des dispositifs de captation audio et de flux vidéo. Estimés à un peu de plus de 400 000 €, les travaux se feront en plusieurs tranches à partir de 2024.

Analyse des comportements

Les élèves ne seront pas les seuls à profiter de ces installations dernier cri. C’est toute l’originalité et la force du programme porté par l’Iriaf qui aspire à fédérer et à décloisonner les esprits à travers la constitution d’une chaire partenariale rassemblant la Fondation de Poitiers Université et un consortium ouvert composé pour l’instant de Darva (solutions d’échange de données au service des assurances), de Covéa (MAAF, GMF et MMA) et du Medef 79. Objectif de cette alliance inédite : transmettre les bons réflexes et nourrir la résilience du tissu local des TPE et PME face aux risques cyber.

Les collectivités comme les centres hospitaliers – cibles récurrentes des pirates – ou encore les Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) sont également visés. La cybersécurité est un enjeu qui nous concerne tous avec des incidences économiques et sociales lourdes mais toutes les composantes de la société n’y sont pas préparées de la même manière. On veut s’adresser à tous ceux qui n’ont pas de leviers internes pour accéder à cette compétence et la mettre en pratique de manière durable, développent les deux hommes.

Une acculturation qui passera par la fameuse boîte noire, la cellule de crise et l’analyse des comportements humais générés par cette mise en situation stressante. D’où la nécessité de reconfigurer l’amphithéâtre pour créer des postes d’observation lors des simulations. Nous sommes en train de définir la robustesse du protocole scientifique, indique le binôme qui collabore avec Nicolas Louveton, enseignant-chercheur au sein du Centre de recherche sur la cognition et l’apprentissage (Cerca), à Poitiers. Pour des raisons techniques et de coûts, on ne pourra pas faire des copier-coller de tous les environnements de travail mais on cherchera à être au plus près de ceux des participants.

Un parcours de formation

A travers cette démarche de service public et le décryptage des capacités cognitives individuelles et collectives, l’Iriaf compte développer, dès l’an prochain, différents modules de formation continue adaptés à la diversité des profils, des secteurs et des problématiques. Des sessions d’une à deux journées sont envisagées avec en point d’orgue un cursus conduisant à la délivrance d’un diplôme universitaire spécifique à l’horizon 2026. Une ambition rendue possible par le Plan de transformation et de digitalisation de la formation initié au lendemain de la crise sanitaire.

Lauréate d’un appel à projets aux côtés de Diateam (entreprise bretonne spécialisée dans les cyber range) et de Crisalyde (entité experte dans l’entraînement à la gestion de crise), l’Université de Poitiers s’est vu attribuer une enveloppe légèrement supérieure à 900 000 € de la part de l’État sur le 1,3 million d’euros chiffré. Un booster énorme qui nous donne les moyens de notre ambition, à savoir remettre l’humain au centre, reconnaissent Jean-Marc Bascans et Marc Parenthöen. La signature officielle de la convention est attendue le 30 juin prochain.

Le cerveau du cyber range, clef de voûte du programme porté par Jean-Marc Bascans et Marc Parenthoën.

CO – MARIE DELAGE

Aussi un centre de ressources

La création d’un centre de ressources de cybersécurité fait également partie du programme Fruit (Formation et recherche aux bons réflexes dans les usages de la cybersécurité). En cours d’élaboration, il agglomère différents collèges représentant l’écosystème socio-économique régional (des collectivités comme Niort Agglo et le Département ; des administrations comme l’hôpital de Niort ou la gendarmerie des Deux-Sèvres ; des entreprises comme la Maif, la Macif ou Covéa ; des associations comme le Réseau des professionnels du numérique). L’idée, c’est d’en faire une interface permettant la mise en relation de compétences. Deux autres campus similaires existent en Nouvelle-Aquitaine, à Mont-de-Marsan (militaire) et Limoges (santé).

Et bientôt une école d’ingénieurs ?

La création d’une école d’ingénieurs à la rentrée 2024 est l’autre projet phare porté actuellement par l’Iriaf. Si elle voit le jour, celle-ci sera axée sur la préparation et l’analyse des données, précise Jean-Marc Bascans qui voit cette filière comme complémentaire du cursus proposé en alternance par le Cnam de Nouvelle-Aquitaine à Niort (Big data et intelligence artificielle). Une audition est prévue fin août, la décision finale sera rendue fin octobre, début novembre.

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